ANQUETIL TOUT SEUL aux 3 soleils, à 10H30 (1H20)

Affiche Anquetil

Un parallèle saisissant entre course à la réussite sociale et course au maillot jaune ! Un plongeon dans un univers impitoyable où tout se monnaye, où tout se paie, où tout se brade… même les cyclistes !

Un rideau noir cache la scène. Arrive un homme fort sympathique, souriant (formidable Stéphane Olivié-Bisson) qui nous raconte son histoire d’amour totale et lointaine avec Jacques Anquetil, pour lui le plus grand cycliste de tous les temps. Il le croisa trois fois au cours de sa vie, et dès la première, cet homme devint son modèle de vie. A sa mort, il écrivit sa biographie.

Puis, le rideau s’ouvre et nous apparaît la star (superbe Matila Malliarakis), car c’est ainsi qu’on nous le présentera du début à la fin du spectacle. Il est là, sur son vélo de course, pédalant sans bruit. Derrière lui, projection d’une route qui défile et nous donne l’impression d’avancer en même temps que lui. L’air siffle,  il parle et ses pensées sont aussi rapides que son mouvement de pédalage, il parle et son flot de paroles nous entraîne dans les méandres de ses pensées, nous dévoilant petit à petit l’homme derrière la star, l’enfant terrorisé à l’idée de perdre, le roublard qui jauge ses adversaires en un clin d’oeil, le vainqueur qui ne voudra pour rien au monde céder sa place de premier, le solitaire qui chérit plus que tout sa solitude….

Mais l’héroïne de ses récits, c’est la douleur et le bonheur de la dépasser. C’est elle son enfant, il la possède et refuse d’être possédé par elle. Maîtrise et volonté sont les deux mots qui tout au long de son parcours professionnel vont lui coller à la peau.

Mais toutes ses victoires dont il est si heureux ne lui apporteront jamais l’amour du public. C’est Raymond Poulidor qui sera le bien-aimé, celui qu’on encourage à pleine voix et qu’on applaudit chaudement. Poulidor fut toujours deuxième mais c’est lui qui sera tout au long de sa carrière l’enfant chéri du public.

Blessé par l’indifférence d’un public ingrat, Anquetil sur son coursier se confie, parle d’une enfance solitaire, de cette femme qu’il aimera passionnément, la belle Janine (Clémentine Lebocey pétillante et scandaleuse à souhait), qui quittera mari et enfants pour vivre avec lui mais refusera de lui donner un enfant.Il parle de l’hypocrisie de ce métier, des 235 jours de courses qu’il fait par an et s’indigne qu’on ose imaginer que les cyclistes puissent tenir sans se doper. Sans avoir l’air d’y toucher il dépeint toutes les magouilles qui constituent le fond de commerce de ce sport ! Et tout ce monde, pas très joli, participe joyeusement à ce grand sport national qui est la course à l’argent, à la gloire, au pouvoir…

Phto Anquetil

L’autre facette de Anquetil que nous découvrons est son côté rebelle, son refus de l’autorité, de courir en groupe, son indépendance limite scandaleuse dans sa vie de couple…

La mise en scène de Roland Guenoun est d’une grande intelligence, le traitement du son et de la vidéo au service de la mise en scène est magnifique. Tout au long du spectacle, Stéphane Olivié Bisson interprète les différents personnages avec subtilité et rondeur, tantôt roublard et intéressé, tantôt ami fidèle et exaspéré, qui traversèrent la vie de Anquetil. Clémentine Lebocey joue sa femme, une femme piquante, amoureuse jusqu’à la folie mais aussi une grande profiteuse, intriguant pour posséder toujours plus. Et bien sûr, il y a  Matila Malliarakis exceptionnel dans ce rôle, vibrant, froid et passionné, désespéré et exalté, il glisse d’une émotion à l’autre, ne nous laisse aucun répit.

Et nous, nous suivons de col en col, de montées en descentes celui qui fut le plus grand champion de son temps… Un grand moment de théâtre d’où l’on sort en ayant comme Anquetil souffert dans notre chair à chaque coup de pédale, ressenti la brûlure de nos muscles, effondrés d’épuisement mais n’avons jamais rien lâché…

A voir en courant

★★★★

T. Volia

Anquetil, Tout Seul De Paul Fournel

Adaptation et M-S de Roland Guenoun

avec Matila Malliarakis, Clémentine Lebocey, Stéphane Olivié Bisson

Scénographie : Marc THIEBAULT
Vidéo : LEONARD
Musique : Nicolas JORELLE
Lumières :  Laurent BEAL
Son : Yoann PEREZ
Costumes : Lucie GARDIE

 

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