HYGIÈNE DE L’ASSASSIN au Théâtre des Corps Saints à 13h30 (1H20)

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Difficile tâche que d’adapter au théâtre l’univers singulier d’Amélie NOTHOMB. Encore plus difficile est la tâche de faire vivre cette œuvre magistrale qu’est Hygiène de l’Assassin, premier opus et immense succès de l’auteure. François TANTOT relève ce défi avec brio. L’adaptation de cet incontournable est fidèle à l’atmosphère sarcastique et mystérieuse du livre mais également originale grâce à l’intégration d’images vidéo qui lui donne un côté onirique et mélancolique. Le public est alors immédiatement plongé dans une ambiance aussi juste qu’envoûtante…

Hygiène de l’Assassin c’est un dialogue entre Pretextat Tach (Gilles DROULEZ), prix Nobel de littérature, atteint d’un cancer des cartilages incurable, personnage vulgaire, condescendant et brutal, et Nina, une journaliste (Fanny CORBASSON) venant l’interviewer avant sa mort. Misanthrope de la première heure, intolérant et provocateur, Tach se retrouve face à une journaliste effrontée et déterminée prête à aller jusqu’au bout pour le pousser dans ses retranchements. Les deux personnages se livrent alors un combat de mots jubilatoires, toujours bien envoyés, avec un sens de la répartie hors du commun.

Si dans le livre le/la lecteur/trice n’a pas réellement accès aux pensées des personnages, les vidéos et la scénographie de la pièce nous permettent de les deviner. Et c’est une vraie plus value pour le public qui peut aller jusqu’à se laisser attendrir par Tach, voire découvrir de lui une facette de ce personnage qui va au-delà de sa surface perverse, obscène et misogyne. La mise en scène est sobre, efficace et esthétique. Elle permet aux acteur/trice-s de réaliser une performance enlevée et d’incarner parfaitement les personnages. Une mention particulière peut être donnée à Gilles DROULEZ qui interprète de façon magistrale le personnage de Tach. Il est exactement tel que le/la lecteur/trice pourrait se l’imaginer et c’est jouissif pour le public !

Cette pièce nous fait alors redécouvrir les sens cachés et la profondeur de l’œuvre. Dans sa progression, la pièce laisse entrevoir de nombreuses réflexions sous-jacentes, la plupart métaphysiques.

Sur un fond clairement affiché de misogynie infernale voire une haine des femmes non dissimulée, Tach pose en fait une réflexion beaucoup plus profonde sur le conditionnement humain et notamment les rôles attribués aux hommes et aux femmes en général. Tach, en préférant garder sa bien aimée dans l’enfance et l’empêcher d’accéder à la puberté, la préserve de devenir une femme. Sont alors abordés tour à tour l’angoisse de la puberté, le tabou des menstruations féminines, la destinée de la maternité pour les femmes, l’assujettissement des hommes et des femmes à des fonctions prédéterminées…

Toutefois, on peut se demander si cet idéal de la pureté de l’enfance et cette nostalgie du paradis perdu défendus inlassablement par Pretextat Tach nous donne de lui l’image d’un misanthrope machiste et misogyne ou finalement nous apporte une autre voie du féminisme ? A chacun-e de se faire sa propre interprétation en allant voir cette pièce…

MG

http://paris.planning-familial.org/articles/hygiene-de-lassassin-une-autre-voix-du-feminisme-002289

 

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Cette adaptation de l’œuvre magistrale d’Amélie NOTHOMB est fidèle à l’atmosphère sarcastique et mystérieuse du livre mais également originale grâce à l’intégration d’images vidéo qui lui donne un côté onirique et mélancolique. Le public est alors immédiatement plongé dans une ambiance aussi juste qu’envoutante…

Hygiène de l’Assassin c’est un dialogue entre Pretextat Tach (Gilles DROULEZ), prix Nobel de littérature, atteint d’un cancer des cartilages incurable, personnage vulgaire, condescendant et brutal, et Nina, une journaliste (Fanny CORBASSON) venant l’interviewer avant sa mort. Misanthrope de la première heure, intolérant et provocateur, Tach se retrouve face à une journaliste effrontée et déterminée prête à aller jusqu’au bout pour le pousser dans ses retranchements. Les deux personnages se livrent alors un combat de mots jubilatoires, toujours bien envoyés, avec un sens de la répartie hors du commun.

Gilles Droulez incarne à la perfection Prétextat Tach qui, derrière son caractère misogyne et misanthrope, laisse entrevoir son humanité. Ainsi, le spectateur navigue entre haine et empathie jusqu’à nous faire ressentir de l’affection pour l’infâme Tach. Au travers sa dialectique, on se permet de comprendre sa détermination à bloquer le temps pour figer la beauté lorsqu’elle est à son paroxysme. Mais, jusqu’où pouvons-nous aller dans cette quête du paradis perdu ?

Cette pièce nous fait redécouvrir les sens cachés et la profondeur de l’œuvre. Une véritable réussite.

Mike

 

 

de François TANTOT (adaptation, mise en scène et vidéo) et Gilles DROULEZ (scénographie).

Avec Fanny CORBASSON et Gilles DROULEZ. 

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