LA COLÈRE DE DOM JUAN au Girasole à 17H25 (1H20) – (Interview vidéo)

Affiche la colère de DJ

LA COLÈRE DE DOM JUAN     5

 

 

 

 

« Pourquoi ne pas me reconnaître et m’aimer comme je suis ! » Ce cri de désespoir lancé par Dom Juan (magnifique Arnaud Denissel) est le leitmotiv qui va le hanter tout au long de la pièce. C’est une blessure infinie qui ne se referme jamais, épine plantée dans son cœur qui l’empêche d’avancer et le pousse à brûler sa vie, excès sur dégoût, rire sur sarcasme, sexe sur rage, haine sur larmes.

Comment vivre quand l’image de soi n’est pas conforme à celle attendue par le Père (redoutable et formidable Laurent Richard), figure déifiée, figure repoussée mais toujours présente aux confins de l’inconscient de Dom Juan. Car c’est d’inconscient dont nous parle le metteur-en-scène Christophe Luthringer, inconscient si griffé, si tordu d’attentes, si troué de vides, qu’arrive le moment où un choix s’impose : détruire en se détruisant, ou détruire en se construisant.

A travers une adaptation qui tisse habilement le texte de Molière à des textes d’auteurs contemporains, dont certains de Christophe Luthringer, à travers une mise-en-scène étonnante qui mêle tango argentin, chansons des Doors, Queen, Rage Against the Machine, à travers des vidéos, Christophe Luthringer nous emmène dans les méandres de ce désespoir qui se dilue dans de vaines révoltes, dans de la séduction à outrance, dans du sexe effréné, et pousse Dom Juan et tous ceux qui l’accompagnent dans leurs retranchements. Chaque moment de ce spectacle nous uppercute, nous brutalise, et nous questionne ? Pourquoi faire un enfant ? Pour qu’il soit juste la continuité de nous-mêmes ou pour qu’il soit lui-même envers et peut-être contre nous ?

A la colère de Dom Juan s’oppose la légèreté de Sganarelle, interprété par Gilles-Vincent Kapps qui nous fait jubiler à chacune de ses apparitions, que ce soit comme comédien ou comme musicien jouant de la guitare électrique.

Au besoin de séduction de Dom Juan s’oppose Jérémy Braitbart, comédien et danseur superbe dans un tango flamboyant.

Et puis, il y a les femmes, figures filantes et éclairantes de la vie de Dom Juan. Dona Elvire, (Françoise Cadol impressionnante), la femme sacrifiée et sacrificielle et Vanessa Caillhol qui à chacune de ses apparitions, quand elle danse le tango, quand elle chante un chant de l’est ou quand elle joue la femme mystère nous fait vibrer.

Les comédiens sont tellement justes et si entiers, tour à tour danseurs, chanteurs, acteurs. Ils empoignent leurs rôles à bras-le-corps et ne les lâchent jamais.

Ce spectacle est drôle, tragique, philosophique : incontournable.

A voir absolument.

T.Volia

 

d’après Molière, adaptation Christophe Luthringer

M-S de Christophe Luthringer

Avec : Arnaud Denissel, Françoise Cadol, Gilles-Vincent Kapps, Vanessa Cailhol, Laurent Richard,

Jérémy Braitbart.

Assistante : Bérengère de Pommerol

Lumières : Maurice Fouilhé

Scénographe : Charlotte Villermet

Chorégraphe : Claire Faurot, Jérémy Braitbart

Costumes : Alice Touvet

Vidéo : Christian Boustani, Maxime Trévisiol

Son : Franck Gervais

Régie : Thierry Alexandre, Mathieu Poupin

Théâtre Girasole 17H25. Durée 1H20

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