LE ROI LEAR – Théâtre de la Madeleine jusqu’au 6 décembre

Le Roi Lear
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Alors que l’urgence de s’aimer, de s’unir, de se soutenir fait de nouveau brusquement irruption dans notre quotidien immédiat, Le Roi Lear nous prouve encore une fois que tout cela n’est pas vain.
Quand Shakespeare écrit cette tragédie grandiose au début du 17ème siècle, il s’inspire d’un mythe : la figure légendaire de Leir, roi de l’île de Bretagne à l’époque celtique juste avant la conquête romaine. Un monde qui nous est inconnu aujourd’hui et pourtant, si facile a traduire dans notre histoire contemporaine.
Lear est un roi puissant mais proche de la mort. Il ne va rien trouver de mieux que de comparer l’amour de ses filles pour leur laisser chacune une part de son royaume. Du besoin d’être vénéré découle-t-il toujours la haine ?
Le Roi Lear 2
Au théâtre de la Madeleine, cette folie a été transféré à une époque où tout s’écroule pour le monde moderne : la crise de 1929. Le roi Lear est cette fois un nabab du cinéma muet, qui semble fantasmer sa vie, peut-être comme il aurait aimer la voir sur grand écran. Il va donc jouer avec les sentiments de ses filles et partager sa fortune selon l’amour qu’elles lui portent.
Goneril, l’ainée, et Regan, la cadette, « desperate housewives » des années folles, vont se transformer en socières avides, chanter les louanges de leur père, le complimenter en mentant. Cordelia, sa préférée, sorte de Cendrillon, va, elle, refuser de rivaliser avec la rhétorique de ses sœurs. Elle ne veut pas dénaturer le véritable amour qu’elle porte à son père. De ces mensonges face a la vérité pur, de cet orgueil de père déçu et despote va découler le pire.
Le Roi Lear 1
Toute la famille et son entourage va s’enfoncer dans le sordide : les trahisons, les infidélités, les mutilations, la démence et bien sur la mort. Mais aussi la rédemption. C’est au moment où l’on voit la vie nous échapper qu’on l’aime !
Mis en scène par Jean-Luc Revol, ce Roi Lear est un véritable film d’action, film noir, voire film policier. Les scènes s’enchainent, juste le temps de faire glisser les murs amovibles, ou faire descendre le rideau de montagnes. Dans cette ambiance entre chien et loup permanente, c’est glauque, brutal et tragique, mais c’est enlevé, vif et bien joué.
Evidemment, 2h45 de spectacle sans entracte peut paraitre un peu long. C’est le cas ! Mais on ne peut pas réellement s’engluer dans cette folie shakespearienne quand on a pris un soda ou un verre de vin au milieu de la pièce. Il faut être concentré, vivre chaque mot, chaque émotion, chaque geste, car ils nous emportent dans ce bain de sang physique et psychologique inimaginable.
Le Roi Lear 3
C’est le grand Michel Aumont, 78 ans, qui campe ce fou de roi Lear. Pas si fou pense-t-on tout au long de la pièce. Pourtant il perd ses mots, perd ses filles, perd sa vie, mais Aumont lui donne une folie plutot naïve, presque enfantine.
Mais si le roi Lear reste le coté obscur de la force, il y a le coté lumineux qui comme dans toute bonne tragédie lui fait face : Le comte de Gloucester trahi par l’un de ses fils et sauvé par l’autre, joué par un formidable Jean-Paul Farré.
Marjorie

De William Shakespeare Adaptation et Mise en scène Jean-Luc Revol

Avec Michel AumontMarianne BaslerBruno Abraham-KremerAgathe BonitzerAnne BouvierOlivier  BreitmanFrédéric ChevauxDenis D’ArcangeloArnaud DenisJean-Paul FarréNicolas GasparÉric  GuéhoMartin GuillaudJosé-Antonio PereiraÉric Verdin.

Assistant mise en scène Sébastien Fèvre. Décors Sophie Jacob. Costumes Pascale Bordet. Lumières Bertrand Couderc. Son / musique Bernard Vallery. Création des scènes de combat Albert Goldberg.

Du mardi au samedi à 20h, dimanche à 17h

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