SANDRE à La Manufacture à 13H45 (1H25)

Une vie de femme résumée  à femme-aimante, femme-souriante, femme-maternelle, femme-patiente, femme-bonne-cuisinière, femme-aimée, femme-désirée, femme-beauté, oh oui la beauté, femme-aimée, femme-grosse, femme-désaimée, femme-rejetée, femme-bafouée, femme-Médée.

Une vie ordinaire où la souffrance est organisée, tenue en laisse, où les émotions sont filtrées…Une vie de Médée sans tragédie, sans cris… Histoire d’une vie ordinaire !

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Au centre de la scène, dans un fauteuil surélevé, une femme en robe de chambre, une table, un lampadaire. Massive, plantée dans son fauteuil, elle ne bouge rien. Jouée par Erwann Daphouars (impressionnant, exceptionnel comédien), elle nous tient en haleine tout au long de son récit, nous plonge dans sa folie de femme déclarée « pas folle »… Ni superflu, ni effet de manches, d’une voix monocorde, avec des accents de désespoir mêlés de colère qu’elle maîtrise rapidement, elle nous livre l’essence même de son drame : la cruauté mentale de son mari inconscient de l’amour fou qu’elle lui porte, elle, sa femme. Avec âpreté, de façon quasi clinique, elle dissèque leur histoire, de leur première rencontre jusqu’au jour où…

Dépassant les faux-semblants, le texte magnifique de Solenn Denis traque la faille et la défaillance  d’une femme abandonnée et incapable de s’en consoler. Insoutenable désespoir qui la ronge de l’intérieur, le cri qu’elle n’a jamais poussé et le geste qu’elle a osé la hantent sans répit !

La mise en scène faite par le collectif Denysiak est impressionnante de simplicité et d’évidence. Nous n’avons jamais le temps de respirer, nous buvons ses paroles, nous guettons chaque frémissement de cette femme banale au récit insupportable. Les lumières cisèlent le personnage assis de façon immuable dans son fauteuil, accompagnent imperceptiblement ses changements d’états intérieurs. On s’attache à cette femme interprétée magistralement par ce comédien ô combien magique, dont on rêve que le cauchemar se transforme en doux rêve pour…

Mais la vie n’est pas un rêve alors elle sourit car comme elle dit « je souris car si je souris, l’information va à ton cerveau et alors tu crois que tu es heureux !…

A voir et revoir absolument

5 étoiles

T. Volia

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