Partager la publication "1336 (PAROLE DE FRALIBS) au 11•Gilgamesh Belleville à 20H10 (1H35)"
Simple, sans effets de manches, le comédien Philippe Durand nous livre à travers les paroles de femmes et d’hommes qu’il a interviewé, le récit d’une lutte longue, épuisante, celle des Fralibs ! 1336 jours de lutte harassante, 1336 jours d’un bras de fer contre le géant Unilever.
Tout commence en septembre 2010 lorsque le dernier directeur de l’usine de Gémenos (près d’Aubagne), M.Lovera arrivé en 2007, ferme l’usine de thé Eléphant, créée à Marseille à la fin du XIXème siècle, pour cause de production en Belgique et en Pologne…
Non, l’histoire commence bien avant : Elle commence déjà en 1998 lorsqu’Unilever ferme l’usine du Havre. Ils ont mis deux ans à la fermer, vite fait, bien fait… Toute la production se retrouve concentrée à Gémenos et 54 familles se déracinent (oui, quand on délocalise quelqu’un, on le déracine lui et toute sa famille !) pour conserver leurs emplois…
Alors, quand on 2010 la Direction, cette hydre à milles têtes, décide de fermer le dernier site français, les ouvriers décident de dire non ! Non, au massacre de leurs emplois, non à la casse de leurs vies, NON… et décident de reprendre l’usine, d’en faire une S.C.O.P (Sociétés coopératives et participatives).
En donnant la parole aux ouvriers qui pendant 4 ans ont mené cette lutte, c’est un acte évidemment politique que fait Philippe Durand, mais surtout et avant tout humain. L’humain, une notion particulièrement oubliée, pour ne pas dire méprisée par toutes ces multinationales pour qui le profit est leur seule raison d’être… Et Philippe Durand (extraordinaire) nous transmet de façon sobre, émouvante, avec humour, mais aussi avec colère, rage, désespoir, ce par quoi sont passés ces femmes et ces hommes qui ne se sont jamais avoués vaincus !… A côté de lui, une autre table où sont rangées en pyramide les boites et infusions de la nouvelle marque …
Ils ont tenu pendant 4 longues années ! Et pourtant il y aurait eu de quoi arrêter, car les multinationales ont tout pour faire craquer les plus résistants… Elles ont les moyens de faire traîner les choses indéfiniment, elles ont les moyens de payer un huissier à 320 euros de l’heure et qui vivra pendant des mois dans l’usine (mais peut-être a-t-il fait payer à Unilever un forfait !), elles ont les moyens d’envoyer des vigiles sans cesse harceler les ouvriers, elles ont les moyens d’avoir une armada d’avocats, elles ont les moyens de repartir en appel quand les jugements leur sont défavorables (à chaque fois) !
Face à ce déploiement de force, d’argent et d’intimidations, des hommes et des femmes qui n’ont rien d’autre que leur volonté, qui refusent de voir leur marque « Eléphant » partir à l’étranger, qui refusent de voir leur avenir, et celui de leurs enfants, piétiné, vont résister à toutes les pressions, tous les coups durs grâce à leur solidarité.
Et quand enfin Unilever va céder, eux ils seront prêts à relever le défi de faire vivre leur usine.
Ils sont conscients que les vraies difficultés ont commencé du jour où ils ont gagné mais ils avancent pas à pas, se battent désormais avec les chiffres, les grands magasins pour qu’ils représentent leur marque, une marque nouvelle dont le nom magnifique et combatif est… 1336.
Un spectacle à ne rater sous aucun prétexte.
★★★★
T. Volia
1336 (Parole de Fralibs) avec Philippe Durand
Au 11. Gilgamesh Belleville, 11 Bd Raspail, 84000 Avignon à 20H10, durée : 1H35
Du 6 au 28 juillet, Relâches les mardis 11, 18 et 25 juillet.