L’AUTRE GALILEE au Lucernaire jusqu’au 28 novembre

Autre Galilée

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« Mourrons pour des idées, d’accord, mais de mort lente, d’accord, mais de mort lente … », aurait pu fredonner Galilée. C’est en tous les cas ce que Cesare Capitani nous propose de comprendre du personnage emblématique de la lutte ancestrale entre l’ignorance et la science.

Galilée (Cesare) est un homme ambitieux et stratège. Il veut se hisser au premier rang des savants et des courtisans dans un environnement extrêmement dangereux. L’époque est traversée par les rivalités politiques et les persécutions de tout adversaire réel ou supposé du dogme et du pouvoir papal en pleine contre-réforme catholique. Il est brillantissime et son intelligence et ses relations de cour le protège un temps du bûcher. Mais ses ennemis sont puissants et ils ont bâti leur pouvoir sur le monopole de la vérité.

La science est nourrie de la confrontation des idées et des hypothèses, de la diversité, de la pluralité défend Cesare (Galilée). La religion catholique (du grec katholikos : universel)  est bâtie sur l’universalité d’un dogme qui ne peut par essence accepter la divergence de point de vue. Comme on le sait, Galilée est donc confronté à un dilemme violent : abjurer ses idées et sa vision du cosmos ou terminer comme Giordano Bruno. Mais qui se souvient encore aujourd’hui de ce moine « martyr » de la science et copernicien comme Galilée, brulé pour avoir défendu les mêmes idées ? Galilée a choisi de vivre et l’Histoire lui a donné raison. Son abjuration a fait plus pour la cause de la science que tous les sacrifices sur l’autel de la raison : son « et pourtant, elle tourne ! » est devenue le symbole de la supériorité de la connaissance sur le pouvoir ignorant et violent.

Cette pièce intimiste nous donne à découvrir un Galilée (remarquablement interprété par l’auteur du texte inspiré de la correspondance du savant) loin des images d’Epinal du vieux sage barbu, père (parmi d’autres) de l’astronomie moderne. Par son jeu subtil et charmeur, Cesare Capitani incarne un séducteur parfois roublard lorsqu’il s’agit de faire un beau « coup » financier (et marketing) dans sa période vénitienne. C’est aussi le fils de sa mère qui à la mort de son père devient l’ « homme de la famille ». Le destin des grands hommes est-il toujours lié aux relations si fortes et si complexes avec leur mère… ? C’est enfin et surtout un aventurier intellectuel épris de liberté qui dans un siècle tourmenté s’offre un luxe inestimable : la « libre pensée ». Il ouvre ainsi le chemin aux philosophes des « lumières » et bien plus tard aux poètes de Sète et d’ailleurs.

L’Eglise Catholique quant à elle mettra presque trois siècles à réhabiliter le savant.

La mise en scène et les lumières sobres, sans artifice nous permettent d’être au plus près d’un texte qui s’apparente à la fois à une confession et à une profession de foi humaniste.

La pièce sonne terriblement d’actualité quant à l’Ouest comme à l’Est souffle à nouveau le vent mauvais de l’ignorance et de l’intolérance porté par les créationnistes chrétiens ou les fondamentalistes musulmans.

Nicolas Cormyr

 

de et avec Cesare Capitani

Mise en scène Thierry Surace

Musique Antonio  Catalfamo

Lumière Dorothée Lebrun

Costume Vjollce Bega

Décor et accessoire Ségolène Denis

Coproduction : cie prisma et cie miranda

d’après le spectacle Moi, Caravage

du 14 octobre au 28 novembre.

à 19h00

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