TABULA RASA, au Doms, 19h35, (1h00).

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C’est une table, au centre de la pièce. Autour de cette table, des familles, et des histoires. Une femme a grandi dans l’ombre de ses frères et soeurs. Un homme se rappelle de ces matins d’hiver à la campagne, dans une salle à manger au repas rythmé par l’horloge à balancier, sous le regard terrifiant de son père. Une jeune fille se rappelle revenir chez elle pendant ses études, pour trouver les relations transformées, puisque la géopolitique familiale, autour de la table, a été modifiée par la politique de la chaise vide. Ces histoires sont connues, et banales, on nous le dit. Normales, entendues, presque convenues. Bref, familières. Et c’est la folie ordinaires des rapports de pouvoir dans la famille que nous offre à voir, comme un miroir grossissant et déformant, Tabula Rasa.

 

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Première écriture et mise en scène de Violette Pallaro, elle est tour à tour crue, sensible, gênante, et toujours inattendue : la grande force de la pièce est avant sa capacité à ne pas faire système, à jouer des codes avec ses spectateurs, à tromper leurs attentes et leurs préconceptions. C’est la cruauté de l’amour familial qui est mise en cause, une dénonciation impitoyable des liens imposés, des entraves et des obligations. Le texte, ciselé, a cette banalité terrifiantes des plus belles pièces de Dennis Kelly. La scénographie de Vincent Lemaire, déjà impressionnante au premier abord, se transforme et se métamorphose au rythme de la pièce et devient dangereuse, violente. Cette multitude de personnages est merveilleusement incarnée tour à tour par Laura Fautré, sublime et terrifiante dans son rôle de jeune mère puis et de soeur impitoyable, Clément Goethals, extraordinaire en jeune fils spécialiste du management, Thierry Hellin, toujours aussi superbe en père beauf, puis en frère junkie et à la ramasse, et Lara Persain touchante dans sa folie de mère prise au coeur par la mort de sa fille. Les comédiens prennent l’espace, le transforment et le détruisent avec une grâce incandescente, une viscéralité rare.

Un excellent spectacle, à voir et à revoir.

  • Interprète(s) : Laura Fautré, Clément Goethals, Thierry Hellin, Lara Persain
  • Écriture, mise en scène : Violette Pallaro
  • Scénographie : Vincent Lemaire
  • Création lumières : Xavier Lauwers
  • Création sonore : Félix Mulhenbach
  • Arrangements vocaux : Fabian Fiorini
  • Direction vocale : Alberto Di Lena
  • Régie : Hadrien Jeangette, Baudouin Lefebvre
  • Conseil dramaturgique : Mathias Simons

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